De l'intégration individuelle au dispositif collectif : scolariser les élèves en situation de handicap
Certains enfants présentent,
très précocement,
des besoins éducatifs
particuliers tels que leurs
parents sont conduits à
saisir la commission départementale
d'éducation spéciale
(CDES) bien avant le début
de leur scolarité.
Cette saisine permet à
l'enfant, dès la naissance
si besoin est, de bénéficier
des aides éducatives,
rééducatives
ou des soins appropriés,
afin de réduire les
incapacités et désavantages
liés à une
déficience sensorielle
ou motrice ou à des
atteintes d'origines diverses,
induisant des perturbations
du fonctionnement mental.
Chaque école a vocation
à accueillir les enfants
handicapés relevant
de son secteur de recrutement.
Lorsque le directeur reçoit
la demande des parents, il
examine avec l'équipe
éducative les conditions
d'accueil et veille à
informer la commission de
circonscription préscolaire
et élémentaire
(CCPE) qui notifie cette
intégration aux parents.
La CCPE est le garant de
l'action engagée et
veille à la mise en
place et au suivi du projet
individualisé.
Le médecin de l'éducation
nationale ainsi que le psychologue
scolaire apportent leurs
compétences particulières
pour aider l'équipe
éducative à
réussir l'accueil.
S'il s'avère que dans
telle école particulière,
les conditions effectives
de l'intégration ne
sont pas réunies,
il appartient au directeur
de l'école d'informer
immédiatement l'inspecteur
de l'éducation nationale
chargé de la circonscription,
président de la CCPE,
afin que soit recherchée
une solution scolaire adaptée
en réponse à
la demande des parents. Aucun
enfant ne doit rester sans
solution scolaire et éducative.
Des
modalités d'intégration
souples et diversifiées
Dès les circulaires
de 1982 et 1983, a été
retenu le principe d'une
souplesse dans les formes
et les modalités de
l'intégration scolaire.
Dès l'âge de
trois ans, si leur famille
en fait la demande, les enfants
porteurs de maladies ou de
handicaps peuvent être
scolarisés à
l'école maternelle.
Toutefois, pour répondre
aux besoins particuliers
qui sont les leurs, il est
le plus souvent indispensable
de mettre en place un projet
individualisé qui
assure la compatibilité
entre la scolarité
et l'accompagnement, éducatif,
rééducatif
ou thérapeutique,
qui leur est nécessaire.
Ainsi, il est possible d'envisager
des intégrations à
temps partiel, en particulier
pour des enfants très
jeunes. Toutefois, il importe
que ce temps d'intégration
soit inclus dans un projet
cohérent de prise
en charge de l'enfant, qui
lui permette de réels
progrès et qui ne
laisse pas à la famille,
la responsabilité
exclusive de rechercher les
accompagnements appropriés.
Plus généralement,
si une scolarisation progressive
est parfois judicieuse pour
tenir compte de la fatigabilité
de l'enfant, il convient
d'attirer l'attention sur
le fait que des projets d'intégration
trop partiels sont presque
toujours voués à
l'échec. Pour se familiariser
avec la classe, y trouver
ses repères, en connaître
les règles de fonctionnement,
tout enfant, qu'il soit ou
non handicapé, a besoin
de temps. Les apprentissages
sociaux s'effectuent nécessairement
dans la durée, ils
sont scandés par des
périodes d'adaptation
et des paliers. Sauf exception,
il convient donc d'éviter
des projets d'intégration
trop limités, déstabilisants
pour l'enfant et ses parents,
comme pour le maître
et les élèves
de la classe.
Les
démarches d'intégration
individuelle à l'école
maternelle se sont
beaucoup développées
au cours des dernières
années et ont fait
la preuve de leur efficacité
pour favoriser le développement
cognitif et social des enfants
en situation de handicap,
comme d'ailleurs celui de
tous les enfants. De plus,
le temps d'intégration
individuelle à l'école
maternelle rend possible
un suivi attentif associant
étroitement les parents.
Il crée les conditions
favorables à une préparation
du passage à l'école
élémentaire.
Ce suivi doit permettre,
le plus souvent possible,
l'élaboration d'une
démarche d'intégration
scolaire.
Un
projet d'intégration
individuelle dans une classe
élémentaire
sera élaboré
chaque fois que la démarche
apparaît réalisable
et permet à l'élève
de poursuivre tous les apprentissages
dont il est capable.
Pour assurer l'accompagnement
de l'intégration individuelle,
certains départements
ont mis en place avec succès
des postes d'enseignants
spécialisés
itinérants, titulaires
des options du CAPSAIS correspondant
au type de handicap présenté
par les élèves.
Cette formule s'avère
efficace en ce qu'elle permet
d'apporter un soutien pédagogique
approprié aux élèves
mais également informations
et aide aux enseignants qui
intègrent. Son efficacité
est cependant conditionnée
par la délimitation
d'un secteur d'intervention
"raisonnable" pour
le maître spécialisé,
de telle sorte qu'il ne consacre
pas un temps excessif en
déplacements, lesquels
occasionnent en outre des
frais qui doivent être
prévus lors de la
création de ce type
d'emplois.
Il est important de souligner
qu'un certain nombre d'enfants
handicapés peuvent
être intégrés
individuellement avec les
moyens propres de l'école
et/ou avec l'appui d'aides
techniques. Dans bien des
cas néanmoins l'accompagnement
par un service spécialisé
ou de soins est indispensable.
La présence d'un auxiliaire
de vie scolaire est
utile dans certains cas mais
elle ne peut être une
condition de la scolarisation.
De même, elle n'a besoin
d'être permanente que
dans de rares situations.
Le plus souvent, l'auxiliaire
de vie scolaire n'intervient
que sur une partie du temps
scolaire. Ce type de mission
peut être assuré
soit par des auxiliaires
de vie scolaire salariés
de services associatifs ou
de collectivités locales
ou par des aides-éducateurs,
même si la mission
de ces derniers est plus
souvent centrée sur
l'aide collective à
l'intégration.
L'auxiliaire de vie scolaire
peut être amené
à effectuer quatre
types d'activités
: des interventions dans
la classe définies
en concertation avec l'enseignant
(aide pour écrire,
manipuler le matériel
dont l'élève
a besoin, ...) ou en dehors
des temps d'enseignement
(inter-classes, repas, ...),
des participations aux sorties
de classes occasionnelles
ou régulières,
l'accomplissement de gestes
techniques ne requérant
pas une qualification médicale
ou paramédicale particulière,
ainsi qu'une collaboration
au suivi des projets d'intégration
(réunions d'élaboration
et de régulation du
projet individualisé,
participations aux rencontres
avec la famille...)
En conséquence, la
préconisation
de l'accompagnement d'un
élève par un
auxiliaire doit
être fondée
sur une analyse précise
des besoins propres de l'élève.
Elle doit être motivée
avec soin, en particulier
lorsqu'il s'agit d'une présence
à temps plein. L'instruction
des dossiers est réalisée
par la CCPE sur la base de
critères partagés,
élaborés au
plan départemental
; les dossiers sont ensuite
soumis à la CDES qui
rend un avis. Dans tous les
cas, même lorsqu'il
s'agit d'une présence
à temps partiel, la
préconisation de l'aide
par l'auxiliaire de vie scolaire
est assortie d'une échéance
précise, mentionnant
la date fixée pour
la révision de cette
attribution.
Une
intégration dans un
dispositif collectif, la
classe d'intégration
scolaire (CLIS), sera
proposée dès
lors que les besoins de l'élève
sont tels que des aménagements
substantiels doivent être
apportés au moins
sur certains aspects de la
scolarité.
Ce mode d'intégration
est opportun s'il s'avère
plus propice à l'acquisition
des compétences scolaires,
voire de compétences
particulières en relation
avec les besoins de l'enfant
(par exemple, apprentissage
du braille pour l'enfant
aveugle, consolidation du
projet linguistique, oraliste
ou bilingue, pour l'enfant
sourd, adaptations de certains
apprentissages pour tenir
compte de difficultés
électives sévères,
aménagement du rythme
d'apprentissage pour des
enfants présentant
des maladies invalidantes
ou des déficiences
motrices complexes...)